Attention, vin pétillant naturel!

Il y a quelques années, j’avais croisé une dame à la SAQ qui demandait s’il restait du Tète Nat’ sur les tablettes. « C’est simple, s’il vous en reste, je prends tout! ». Cet engouement semble s’être prolongé pour ce vin pétillant naturel qui fait tourner les têtes et sourire les regards.

Quatre amis qui veulent du vin de plaisir

Selon l’histoire, ce vin effervescent est le fruit d’un projet de quatre amis voulant créer des vins de plaisir à partager en bonne compagnie. Ils sont installés en Loire, plus précisément en Touraine, à Panzoult. Ce petit village, datant du XIIe siècle, se trouve sur l’aire d’appellation du Chinon, vin rouge gourmand fait à partir de cabernet-franc. Cependant, les quatre lurons ont décidé de laisser aller leur créativité et de produire des vins hors-normes, des vins natures que l’on veut propres et vrais.

Il faut ici mentionner que le quatuor n’est pas composé de novices de la vigne. Par exemple, Nicolas Grosbois trempe dans le monde vitivinicole depuis longtemps. Après avoir parcouru la planète comme « vinificateur volant » (traduction libre de flying winemaker), il reprend en 2008 les rênes du domaine familial Grosbois, aussi en Loire.

En 2012, il s’associe avec Philippe Mesnier, un autre des quatre compagnons, pour diriger le Domaine des Hauts Baigneux sur l’AOC Touraine Azay-le-Rideau. On ne parle donc pas d’improvisation…

On fait des bulles selon la méthode ancestrale

Vous l’aurez peut-être deviné, le Tète Nat’ est un pet nat! Ces vins pétillants naturels sont depuis quelques temps bien à la mode, mais gardons en tête qu’ils sont issus de la plus vieille technique de production de vins effervescents : la méthode ancestrale.

Les différents crémants, les Champagne et les Cava, pour ne nommer que ceux-ci, sont tous élaborés selon la méthode traditionnelle. En simplifiant (beaucoup!), on fait d’abord du vin et on y ajoute ensuite un mélange de sucre et de levures pour qu’il y ait une seconde fermentation en bouteille.

Pour la méthode ancestrale, c’est comme si on ralentissait la première fermentation par le froid (les levures n’aiment pas manger du sucre quand il fait frette!) et qu’on en profitait pour embouteiller le liquide. On capsule le tout (oui, oui, avec un bouchon de bière) puis en se réchauffant, les levures reprennent leur travail, ce qui crée du gaz carbonique qui reste emprisonné dans la bouteille, jusqu’au moment où vous décidez de vous gâter un peu.

Fine amertume sans regret pour ce vin apéritif

Retour à notre fameux Tète Nat’, Les Parcelles. Les quatre copains ont choisi d’utiliser des cépages originaires du Sud-Ouest de la France, soit le mauzac, le len de l’el et le sémillon. C’est pourquoi le produit est commercialisé en Vin de France – les raisins sélectionnés ne correspondent pas au cahier de charge de l’aire d’appellation et de toute façon, il n’y a pas d’AOC de la région qui fait des pétillants naturels… Les règles ne sont donc pas respectées, mais le produit est plus que respectable.

La robe est pâle, presque incolore. Le nez est d’abord discret, avec des effluves de fruits jaunes, puis des notes iodées font leur apparition. En bouche, les petites bulles donnent un effet crémeux et rafraîchissant. La texture est assez grasse et on perçoit une petite amertume en finale, très agréable. Beaucoup de persistance gustative et de délicats arômes lactiques viennent couronner le tout.

C’est un vin d’apéro parfait. Si la faim vous prend, n’écrasez pas sa subtilité avec des aliments trop savoureux. On pourrait opter pour des poissons blancs et je serais bien curieux de l’apprécier avec des pétoncles. Merci les amis!

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